“Femmes de mars”, les lectures d’enfance. La mare au Diable et La petite Fadette. François le Champi, qui, j’en étais sûre, s’appelait François parce que mon frère s’appelait François. Je ne me suis jamais demandé pourquoi la romancière avait un prénom d’homme. Le côté “première femme de lettres à vivre de sa plume” est venu plus tard. Comme ses amours avec Liszt et Chopin, quand je massacrais des nocturnes au piano. Je découvre qu’elle faisait office de docteure à Nohant quand l’argent manquait, qu’elle avait appris l’anatomie et l’usage des plantes. Qu’elle a refusé qu’on lui propose la Légion d’honneur. Aujourd’hui, je garde d’elle la liberté d’être femme comme on l’entend, les…
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Niki de Saint Phalle
“Femme de mars” du jour. Ah les Nanas… et ces tirs sur des toiles de plâtre blanc qui explosent de couleurs ! J’imaginais la peinture se mettant à saigner. Blessée de la manière dont les gens peuvent être blessés. Pour moi, la peinture devenait une personne avec des sentiments et des sensations. Le corps de la femme, sa représentation, la femme en souffrance, la femme entravée par la société. La femme en toute liberté. Liberté et majesté. Pourquoi pas le Nana Power ? Le temps est venu d’une nouvelle société matriarcale. Niki de Saint Phalle n’a été longtemps pour moi qu’un parfum au très beau flacon et une fontaine en mouvement…
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Marguerite Duras
“Femmes de mars”, suite. Je ne sais pas les choses avant de les écrire… Marguerite Duras, l’unique. Une voix que je n’ai d’abord pas entendue. Première année de fac, Le ravissement de Lol V. Stein me laisse désemparée. Je sens qu’il y a quelque chose dans ce livre, quelque chose qui m’échappe. Dix ans après, je le relis. Et lis Un barrage contre le Pacifique, puis Le Vice-Consul. La voix m’a atteinte, enfin. Ne me quitte plus depuis. Je pose des mots beaucoup de fois, d’abord des mots… Je relis Marguerite Duras par cycles, comme un mantra. Elle seule a cette façon de faire parler faux des personnages pour dire…
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Camille Claudel
“Femmes de mars”, suite. Montpellier, 1980, première année de fac, je découvre Camille Claudel avec le livre d’Anne Delbée Une femme. Paris, 1984, ma première visite dans un musée parisien est évidemment pour le musée Rodin. L’Implorante, les Causeuses, la Petite châtelaine… Les mains sculptées par Camille… Le choc. Je suis envahie par la force de ses sculptures. Et en colère que Camille Claudel n’ait pas son propre musée. Au début de l’été 2016, enfin, je visite Montfavet. Entre ces deux périodes, je reviens régulièrement sur ses sculptures, je lis ses lettres, j’imagine — sans être prête encore à l’écrire — un livre autour des mains de Camille, des mains…