Un album illustré par Madalena Matoso,
Thierry Magnier, août 2015
Depuis la mort de Mamiette, mon chagrin est grand, un véritable éléphant. Il me suit partout, tout le temps.
Je me souviens très bien de la première fois où je l’ai vu, assis, là, à côté de moi. C’est dans la voiture, en revenant du cimetière. À l’avant, papa et maman parlaient sans faire de bruit. Ils chuchotaient des noms de gens, ils murmuraient des noms de fleurs. Jusque-là, pas d’éléphant, tout allait bien.
C’est quand maman m’a regardé dans le rétroviseur sans lâcher le volant et qu’elle m’a annoncé :
— Mercredi, la voisine t’accompagnera au centre aéré, c’est arrangé.
Oui, c’est quand maman a prononcé ces mots « c’est arrangé », que mon chagrin éléphant a fait son apparition.
Le mercredi, c’était le jour où j’allais chez Mamiette, avant.
Une lecture pendant le printemps 2020
Pourquoi le chagrin ?
Sans doute parce que le chagrin tombe sur l’enfance, sur toutes les enfances, un jour ou l’autre. Que ce soit un matin de grand soleil ou un midi d’hiver, une mauvaise nouvelle arrive, une amitié est blessée, un objet aimé est perdu… et il est là, le chagrin.
Difficile de dire l’enfance sans parler du chagrin, de ces chagrins qui mangent tout l’espace et tout l’air autour de nous, des chagrins qui nous rongent, des chagrins si grands qu’on les nie pour les empêcher — en vain — d’exister, des chagrins qu’il faut bien finir par apprivoiser.
Pourquoi un éléphant ?
Comment dire ces chagrins-là quand ils menacent de dévaster l’enfance sans tomber dans une histoire trop sombre ? Comment dire le deuil et l’absence ? Au moment où je me posais ces questions, je suivais des échanges, des challenges de dessins entre Gilles Bachelet et Benjamin Chaud : Mon chat le plus bête du monde défiait Pomelo, et on riait beaucoup. Ces combats de haut vol m’ont donné la clef : un chagrin, c’est toujours grand, lourd, encombrant comme… un éléphant.
Merci à vous, Gilles, Benjamin (et Ramona !), Mon chat le plus bête du monde et Pomelo sont un peu les parrains de ce Chagrin éléphant…
Les images de Madalena
Mon Chagrin éléphant a grandi chez Thierry Magnier, bien au chaud entre les mains d’Angèle Cambournac. Cette fois, j’avais envie qu’Angèle crée le duo auteur/illustrateur, qu’elle me surprenne. Et je n’ai pas été déçue… Avec le trait, les couleurs, la force de Madalena Matoso, ce Chagrin éléphant prend tout son poids !
En Chine
Un article, comme ça…
Mon chagrin éléphant de Cécile Roumiguière et Madalena Matoso