Un roman illustré par Clotilde Perrin
Collection “Mouche”, école des loisirs, 22 février 2023
Les manèges de Mila, école des loisirs, février 2023
Une marche après l’autre, je descends l’escalier. Sur mon pyjama, j’ai enfilé le blouson de pluie de mon père, il est bien trop grand pour moi mais il me tiendra chaud. La capuche au ras des cils, je fais attention de ne pas tomber. Je n’ai emporté que mon poupon au corps de chiffon. Je suis nu-pieds, je n’ai pas pensé à me chausser.
Le rêve de Mila

Mila rêve de manèges… Elle rêve d’aller au parc d’attraction, elle en parle depuis le début des vacances. Mais cet été-là, un coup de vent emporte la toiture du garage, il faut réparer les dégâts, les parents sont occupés… Ils iront au parc l’année d’après.
Le chagrin de Mila est si fort que, devant ses larmes, son frère Liam le lui promet : le soir-même, ils iront au parc d’attraction !
Une nuit magique s’ouvre à eux…
Parcs d’attractions et fêtes foraines
L’histoire de Mila et de Liam trouve ses racines dans quelques trajets de Carcassonne à Toulouse que je faisais, enfant, dans la Coccinelle familiale. On était cinq, mon père, ma mère, mon frère, ma sœur et moi. En route, on s’arrêtait dans ce qui me semblait un lieu magique. Quelques caravanes miteuses aux façades transformées en vitrines présentaient des scènes de Blanche Neige et autres contes. Je m’en souviens bien : il fallait mettre un franc dans un boîtier de métal gris pour que la scène s’anime. Mais un franc plus un franc, au bout du compte, la sortie coûtait cher ; on le savait, elle nous était d’autant plus précieuse. Et Blanche Neige saluait, elle se penchait sur Simplet, dans des gestes qui se voulaient gracieux mais qui grinçaient un peu…
Comment dire la magie de ces moments, l’émotion qui m’envahissait, chaque fois, à l’instant de glisser une pièce dans cette fente et de voir l’inanimé devenir vivant ? J’en ai encore la respiration en arrêt. C’était aussi des moments partagés avec mon père, si heureux à l’idée de nous rendre heureux.

D’année en année, les vitrines se sont opacifiées, les costumes se sont fanés. Entre les caravanes, le chemin, moins entretenu, est devenu caillouteux et sale. Les mouvements des automates, moins fluides. Puis, pour certains, à l’arrêt. Je grandissais, mais j’étais toujours aussi heureuse de retourner dans ce lieu magique. Mais un jour, on est tombé devant une grille fermée. Le parc avait disparu. C’en était fini de la magie… Fini de l’enfance, peut-être, aussi. Il allait me falloir trouver ailleurs cette magie, la poésie de l’instant, celle du regard porté sur les choses de tous les jours. Sur la nature.
Alors aujourd’hui, j’écris.
La poésie des images

Cette histoire est illustrée par Clotilde Perrin et son univers si particulier, tout en finesse et en poésie. Le pari n’était pas si simple : toute l’histoire ou presque se passe de nuit mais dans la légèreté et les sourires.
Clotilde a réussi à rendre la nuit lumineuse, elle l’a illuminée au sens premier du mot. Mila, Liam et leurs manèges ne pouvaient pas rêver plus bel écrin.
Un travail de dentellière
Derrière chaque livre, il y a un regard, une lecture, un travail sur la structure, le texte, puis le lien aux images. Ici, l’éditrice, Maya Michalon, a réalisé avec nous ce tissage, cette broderie fine, fil à fil, autour de l’histoire. Quand les univers des unes et des autres se rencontrent à ce point, œuvrer ensemble est un pur plaisir. Merci Maya pour ce véritable travail de dentellière.

Images © Clotilde Perrin · école des loisirs 2023