Un album illustré par Fanny Ducassé,
Le Seuil, octobre 2016
Dans le ventre de la Terre, il y a un enfant. Minuscule. Oublié ?
Il dort beaucoup. Ses cheveux lui font un oreiller, ses pieds caressent la mousse du rocher.
D’abord point en suspension, il se meut, se tourne, valse sur lui-même entre les parois sombres. Et devient multiplication. Il devient tissage, un fil après l’autre, il s’étend, il croît.
Bientôt, des bouts de lui effleurent la paroi.
Dans le ventre de la Terre, l’enfant grandit. Ni jour ni nuit à compter, seulement les tours de cette grotte, cette caverne, où il flotte, seul, et se met à rêver.
Quelques mots. Des phrases lâchées sur un bout de papier, moment d’inadvertance, quand les mots surgissent d’eux-mêmes ? Dire l’intérieur. Intérieur de soi, de l’autre, celui qu’on porte en soi. Passer de ce regard intérieur, intime, à celui, extérieur, du devenir. Parler de la grotte, de ce ventre de la Terre comme lieu de protection ultime. Lieu d’enfermement aussi. Où se dessine le fondamental besoin de liberté.
Au départ, je ne pensais pas que ces quelques lignes puissent devenir un album. Elles auraient pu rester dans mes carnets, avec tant d’autres. C’est toute la magie – et le professionnalisme ! – de mon éditrice, Angèle Cambournac, et du Seuil d’y avoir cru, d’avoir porté ce texte, d’en avoir fait un album. D’en avoir suivi la fabrication avec une attention sans faille.
Et bien sûr d’avoir pensé à l’univers de Fanny Ducassé pour l’illustrer, le transcender. Magie là encore et puissance des images de Fanny qui m’ont fait redécouvrir mes mots. Des images qui me donnent un immense plaisir, à chaque fois que j’ouvre l’album, à relire une histoire qui désormais nous appartient à toutes les deux. Une histoire qui vous appartient à vous, lecteurs de ce Ventre de la Terre.
© images Fanny Ducassé
© photo Le Seuil