Ô Sisters

Ô Sisters, un roman écrit avec Julia Billet,
Parution le 1er juin 2022 à l’école des loisirs


Mars 2020… Premier confinement. Julia m’appelle : « Et si on écrivait ensemble ? À distance, mais ensemble. » Je connais Julia Billet depuis des années, j’aime ses mots, j’aime ses livres, la femme qu’elle est. Écrire avec elle ? Mais oui ! « … à condition de ne pas parler d’enfermement… On s’évade du confinement, de nos appartements, de nos villes ! On serait sœurs, on ne le saurait pas, et on prendrait la route pour découvrir notre histoire… » L’idée est née en dix secondes, on a écrit jusqu’au cœur de l’été, chacune chez soi, sur un traitement de texte en ligne. Puis est venu le temps de l’édition. Et l’école des loisirs, bien sûr, où l’on a chacune notre éditrice, Véronique Haitse pour Julia, Maya Michalon pour moi. Deux autrices, deux éditrices… Elles ont dit banco ! Et nous voilà travaillant à quatre sur ce texte qui allaient devenir Ô sisters ! Ce roman a la couleur de notre joie d’écrire ensemble, de la retrouvaille des émotions de nos seize ans et de la recherche de la liberté en pleine période d’enfermement. Il est aussi porté par ce riche travail à quatre parfaitement fluide, un peu comme si nous avions pris la route ensemble, toutes les quatre… Et toute l’équipe de l’école des loisirs avec nous, vers le camp du Geai, back to the 70’s…

Le juke-box de Janig

De chapitre en chapitre, la playlist de Janig.

La playlist en plus…

Les morceaux qu’écoutaient les autrices en écrivant.

Une double bio en miroir avec nos personnages

CR — L’été 1974, Janig a 17 ans, j’en ai 13. Je pourrais être sa petite sœur, si elle avait eu une petite sœur. Mes parents n’ont pas de vignes, ils galèrent dans l’épicerie.

JB — À seize ans, je n’ai pas trop de points communs avec Macha. Enfin… je ne viens pas du même milieu social, mes parents sont ouvriers, et je fréquente le lycée du coin, tout ce qu’il y a de plus public.

Photo © Françoise Malonda

CR — Sur cette photo, j’ai à peu près le même âge que Janig. On est en 1979, c’est la fin des années 70, on va basculer vers les années 80. Côté musique, c’est new age, no future, et  Bob Marley. Moi, j’écoute plutôt des femmes qui crient leur rage, Anna Prucnal, Mama Bea Tekielsky, Nina Hagen, et David Bowie aussi. Ah, David Bowie…

JB — Je chante à tue-tête avec mes camarades dans les rues parisiennes et je me sens forte dans ces  moments là (mais  beaucoup moins les autres jours). J’écoute les Beatles à fond dans ma chambre, mais aussi Genesis, les Pink Floyd, Jacques Brel, Barbara…

CR — J’aime la photographie. Pas encore de téléphone portable, je fais des photos argentiques et mes premiers selfies avec un Polaroïd.

 JB — Je suis toujours amoureuse, je ramasse des plantes pour en faire des tisanes , des fleurs pour des bouquets, du bois pour le braséro, et je chante en grattant maladroitement ma guitare. Ah, et aussi, je fais plein de photos et je développe mes pellicules à la Maison des Jeunes de mon quartier. 

CR — Après un bac scientifique, je vais en fac de lettres. Au programme : théâtre,  cinéma, et pour les lettres, Anaïs Nin et Virginia Woolf.

 JB — Comme Macha, j’adore les chevaux. Depuis que j’ai douze ans, je me paie des cours en nettoyant des box, en étrillant et brossant les chevaux, dans un club, à Maisons Lafitte. Une matinée de travail contre 1h de cours.

CR — Janig ne jure que par la musique, moi, j’aime profondément les livres et le cinéma, les nouveaux cinéastes du moment, Beineix et Besson et surtout Orson Welles, ou La Belle et la Bête et les films de Cocteau, les films expressionnistes et cet éclairage qui donne aux personnages une présence folle.

JB — L’autre point commun avec Macha, ce sont les livres. Je les dévore, tout ce qui me tombe sous ma main y passe. Je lis Les petits enfants du siècle de Christiane de Rochefort, Daphné du Maurier mais aussi Benoite Groult, avec passion.

Photo © Hervé Grauby

CR — Comme sujet de maîtrise (aujourd’hui, on dirait master)  je choisis “l’éclairage dans le théâtre de Jean Vilar”. Tout est là : l’éclairage, le théâtre et l’implication politique. Oui, j’ai oublié de vous dire : je veux changer le monde.

Entre deux manifs, je rencontre une équipe qui lance un son et lumière dans la Cité de Carcassonne. Images géantes, lasers, acteurs, figurants, cascades, chevaux, feux d’artifices… Je vais les suivre pendant plus de dix ans, comme assistance de réalisation, à la régie, au scénario.

JB — Je décide de faire des études de lettres et je  travaille en même temps. J’ai trois grands rêves : devenir écrivain, enseigner l’ équitation et le français. Pour l’équitation, même si j’ai donné quelques cours, ça s’est arrêté d’un coup, après un grave accident de voiture. Par contre, j’ai été prof et je suis devenue écrivain ( je vous assure qu’il faut rêver de choses impossibles). Dans ma vie, j’ai fait différents métiers mais l’écriture et les livres ont  toujours été  au cœur de mon travail et de ma vie.

 CR — Quand l’équipe des spectacles se dissout, je cherche à érire, écrire encore, et avec de l’image.  Et je découvre les albums. Chien bleu et Max et les Maximonstres sont une révélation : je sais où je veux être, dans cette écriture-là, intimement liée à l’image. Si plus tard j’écris aussi des romans non illustrés, l’image y est omniprésente. Le décor est un révélateur de ce qui se passe à l’intérieur des personnages. J’ai compris ça à l’âge de Janig, en lisant La petite Roque, de Maupassant, et Daphnée du Maurier (retour au cinéma, avec Hitchcock cette fois). 

Photo © Françoise Malonda

Quant à la musique de la Motown, je la découvre vers mes 25 ans, avec Tina Turner. Depuis, je continue de bouger sur ces rythmes qui ne m’ont plus quittée.

Marguerite Duras a dit « Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours…  ». J’ajouterai : « Et de l’adolescence aussi. »

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