rencontre

L’école de la République

Marilou à l'école.
Marilou à l’école, in “Le fil de soie”  ©Delphine Jacquot/éd. Thierry Magnier

Décidément, Le fil de soie est nommé dans de très beaux prix. Aujourd’hui, matinée Tatoulu dans une école du XVIIIe, à Paris. Je suis en avance, je regarde les enfants arriver devant le 61 de la rue Clignancourt. Est-ce l’effet retour de vacances ? Ce début de printemps qui hésite entre soleil et rideaux de pluie ? Les enfants sont calmes, sereins. Avec leurs origines cumulées, à eux tous, ces enfants de France doivent couvrir une bonne partie de la planète. La porte s’ouvre, la gardienne les accueille d’un bonjour souriant. Une enfant de sept ou huit ans attend sa copine pour entrer, elles sont contentes de se retrouver. Un jeune garçon noir arrive avec une petite fille blanche et blonde, ils sont en grande conversation, ils rient. Puis disparaissent dans l’école. Je les suis.
Arthur Cattiaux, un enseignant de CM2, m’accueille tout en saluant les enfants. Ilona, Mohamed, Jeanine, Lou, Lucas, Dylan, Arthur, Fleur, Ruby… il les connaît tous, a un mot gentil pour chacun, soulève le chapeau d’une fille en lui disant qu’il est charmant, mais qu’elle doit l’enlever pour aller dans la cour. Le respect, l’attention, la bienveillance. Des mots qui semblent tellement usés… et pourtant.

Dans sa classe de CM2 et celle de Raphaële Asselin, les rencontres avec les élèves sont de merveilleux moments d’écoute mutuelle, de curiosité, de finesse de réflexion sur le livre, l’histoire. Quand la récréation ou la fin de matinée sonnent, ils continuent de poser des questions, d’échanger, ne semblent pas pressés de partir. Marilou et sa Mamilona ont trouvé ici un bien beau théâtre pour livrer leur histoire…

Que dire ? Merci. Oui, merci, vraiment. Ce matin, rue Clignancourt, à Paris, j’ai vécu un vrai moment de mixité, d’école républicaine. C’est donc possible ! En ces temps si sombres, des instants comme ceux-là sont une source d’énergie essentielle. À la fin de la première rencontre, une enfant m’a demandé si les événements de Charlie Hebdo avaient changé quelque chose dans ce que j’écrivais. Dans son regard, dans l’attente de toute la classe face à ma réponse, j’ai ressenti l’immense confiance que ces enfants nous font, j’ai mesuré l’importance qu’on peut avoir, nous, troubadours, inventeurs d’histoires, chez ces enfants qui grandissent avec Charlie. Un sacré défi.

Mais on n’est pas seuls… Les parents, bien sûr, sont là. Et les enseignants. Alors, oui, merci aux enseignants, merci à l’équipe de cette école, merci à tous ceux qui font mentir les corbeaux et montrent jour après jour que vivre ensemble, non seulement c’est possible, mais que c’est enthousiasmant.