Au-delà de mes “femmes de mars”, Agnès Varda est de ces grandes sœurs qui éclairent notre route. Un regard indispensable.

Je l’ai connue photographe. J’écrivais mon mémoire de maîtrise, “Jean Vilar et l’éclairage” nourri de ses photos de scène. Je me souviens très bien de celle de Maria Casarès en Lady Macbeth tenant un chandelier dans la pénombre. Des années plus tard, je lui ai écrit pour lui demander son autorisation, je voulais mettre mon mémoire à disposition sur internet, sans ses photos, mon mémoire ne voulait rien dire. Elle m’a répondu, longtemps après, sans vraiment me dire oui. Je n’ai pas osé insister, je n’ai jamais publié ce mémoire.

Je l’ai retrouvée cinéaste, et quelle cinéaste ! Cléo de cinq à sept, tout un monde en un seul film sur une seule journée. Puis Le bonheur, Sans toit ni loi, Les glaneurs et la glaneuse, Jacquot de Nantes…

La compagne, la partenaire, l’alter ego de Jacques Demy, bien sûr. Parolière de Lola.

La plasticienne, L’île et Elle, une expo à la fondation Cartier.

Le port de mes vacances, Sète et Les plages d’Agnès.

La rencontre, en vrai, un quart d’heure d’arrêt sur image. Je frappe à la porte de Ciné-Tamaris, je viens leur porter Lily, mon roman hommage à Jacques Demy. Agnès est là, qui arrive du fond de la pièce, une pièce tout en long. Je suis dans un travelling cinéma. Sa voix, sa gentillesse. Elle ne peut pas me laisser partir sans m’offrir quelque chose en échange du livre. Je repars avec une poignée de noix qui étaient posés sur le bureau. Et son regard.

Pour tout ça, pour votre attention aux gens, aux autres, pour tant d’autres choses, merci, Madame Varda.